DIA StellaVoilà une lecture absolument jubilatoire, une histoire dingue de prostituée qui fait des miracles, une fille des rues qui guérit les malades et les éclopés par le sexe. Et le Vatican peut trembler: le nouveau messie est une femme! et c'est une prostitué !

 La vision américaine de Joseph Incardona passe joyeusement par des fêtes foraines peuplées de vieilles mexicaines nourries au mezcal à des tueurs à gages qui se rêvent en anges de la mort ; d'un pasteur en pleine crise de foi et ancien Navy Seal à une vampe véritable bombe aux yeux verts.

Mais Joseph Incardona est un sentimental l’amour triomphe de la religion et du dogme.

 Un roman vitaminé, très bien écrite, très rythmée. On rit, que ça fait du bien !

Pour mourir le monde s1627, sur la route des Indes, trois héros vont se retrouver ballottés par l'histoire et les éléments. Fernando, jeune homme pauvre enrôlé de force dans l'armée portugaise pour renforcer ses garnisons de Goa ou d'autres comptoirs coloniaux indiens ; Marie, fille des landes et des dunes battues par le vent, obligée de se cacher dans une communauté de résiniers et de costejaires, pilleurs d'épaves ; et Diogo, qui assiste à la chute de São Salvador da Bahia prise par les Hollandais aux Portugais en 1624, puis entre en résistance. Avec eux, on fait naufrage (ou pas), on évangélise, on commerce, on change de maître quand on peut pour en trouver un plus aimable et on trucide à tout va…

Yann Lespoux avec Pour mourir le monde nous offre un premier roman foisonnant, habilement construit, riche en détails et en descriptions historiques.

"Un lieu pour naître, le monde pour mourir" - Amateur de roman d’aventure ces pages sont pour vous !

 

Les âmes torrentielles – Agathe PORTAIL – Mot-à-Mots

Ce roman publié chez Actes Sud, se déroule comme une chevauchée périlleuse dans les paysages sauvages de la Patagonie, à l’ombre d’un barrage dont le remplissage ne semble pas se dérouler comme prévu…

Agathe Portail parvient à dessiner des personnages complexes, hantés par leur passé, tout en maintenant une tension narrative forte. Les chapitres courts donnent beaucoup de rythme à ce roman, et nous immergent à la fois dans une nature somptueuse et dangereuse, mais également dans l’histoire de la région et de ses populations

Les âmes torrentielles est un très beau roman d'aventure situé à l'extrême sud de l'Amérique latine, mais pas seulement. En revenant sur la disparition programmée de l'aonekko, le langage d'Alma et de la petite communauté des natifs tehuelche, ce récit nous rappelle que lorsque la langue d'un peuple disparaît, c'est son âme tout entière qui s'envole.

Une belle découverte !

CINQ PETITS INDIENS


Tuer l'Indien dans l'enfant.

Dans son roman, Cinq petits indiens, Michelle Good dénonce l'assimilation forcée d’enfants indiens à la fin du dix-neuvième siècle au Canada. Un récit poignant qui marque la naissance d’une nouvelle collection Voix autochtones chez Albin Michel.

 

 

On y suit les destinées croisées de cinq enfants autochtones enlevés à leur famille pour être placés dans des établissements spécialisés. Ces pensionnats sont destinés à les élever dans "la culture blanche" et à leur faire oublier leurs racines.

Ce livre traite d'un problème d'actualité, le Canada découvre en ce moment l'ampleur de cette "épuration". Michelle Good évoque les brimades et les sévices de toute nature subis par ces enfants et la manière dont ils se sont plus ou moins reconstruits à l'âge adulte.

L’autrice, elle même d'origine indienne, explique la difficulté de ces jeunes à retrouver leur identité indienne tout en restant ancrés dans la société actuelle.

 

Raphaël est violoncelliste et ne vit qu'à travers son instrument. Cette passion l'a éloigné depuis onze ans de sa fille Maude. Mais quand il apprend qu'elle a disparu lors d'un voyage aux Îles Féroé, il part aussitôt à sa recherche en repassant sur les chemins qu'elle a pris. Très vite, Il apprend que sa fille appartenait à une ONG venue pour empêcher les Grindadraps, ces pêches ancestrales et meurtrières où les pêcheurs massacrent des centaines de baleines et des dauphins.

Sa quête désespérée non seulement ravive de profondes douleurs personnelles mais se heurte également à l’inaction de la police et aux comportements pas toujours bienveillants des habitants.

 Un roman qui mêle suspense, aventure et atmosphère .Le lecteur se trouve immergé dans les lointaines îles Féroé aux coutumes si particulières De très belles descriptions de la nature sauvage et omniprésente sur l'archipel entouré d'eau,battu par les vents ,la pluie et le brouillard.

Après De Silence et de loup, Patrice Gain nous entraîne au cœur d'un suspense sombre et captivant Les Brouillards noirs vous emportent loin, très loin... A lire absolument !

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Nous échangerons autour de livres lus parus entre Juin 2023 et Mai 2024 (français et étrangers, thrillers, aventure, histoires d’amour impossible...), en privilégiant les premiers romans, ceux qui se cachent derrière les grosses pointures de la rentrée, les auteurs peu connus...

 Nous vous proposerons une première sélection que nous enrichirons ensemble tout au long de l’année. Pour finir nous sélectionnerons les livres qui valent le détour, ceux qui ont une saveur particulière ou qui nous hantent une fois refermés. Nous partagerons ensuite nos découvertes avec les bibliothèques du département.

 

 

Participer aux mots à la bouche, c’est s’engager à

 Lire... et assister aux 5 rendez-vous (le 1er à la MDDS, les suivants nous verrons ensemble) :

  • Jeudi 28 septembre 2023 à Niort à 10 heures
  • Jeudi 30 novembre 2023
  • Jeudi 25 janvier 2024
  • Jeudi 28 mars 2024
  • Jeudi 30  mai 2024

 

Si vous avez envie de nous rejoindre, c’est à vous de jouer en vous inscrivant Ici !

 

Et pour plus d’informations, n'hésitez pas à contacter mireille.dubourg@deux-sevres.fr

LES GENS DE BILBAOEnquête familiale.

Avec ce premier roman d’inspiration autobiographique, Les gens de Bilbao naissent où ils veulent, Maria Larrea part à la recherche de ses racines espagnoles. Une enquête passionnante, un excellent roman, une autrice à suivre !

A l’âge de 27 ans, alors qu’on lui tire les cartes, Maria Larrea découvre que des secrets entourent sa naissance. Sa mère lui révèle alors qu’elle a été adoptée et la jeune femme décide de se lancer dans la quête de ses origines. Une enquête qui mènera la jeune femme parisienne à Bilbao.

Ce roman s’ouvre sur l’histoire rocambolesque de ses parents biologiques, Julian et Victoria, deux enfants abandonnés à la naissance qui ont grandi dans la misère et sans amour. De la rencontre de Julian et Victoria à sa naissance dans l’Espagne de Franco jusqu’à son enfance parisienne où elle grandit dans un milieu modeste entouré d’un père, gardien de théâtre porté sur la boisson et d’une mère, femme de ménage, Maria Larrea n’hésite pas à se mettre à nu dans ce récit autobiographique captivant.

La romancière travaille dans le cinéma et cela se ressent fortement dans la narration très visuelle, vive et pleine d’auto-dérision. Au travers de sa quête pour retrouver la trace de ses parents biologiques, l’autrice évoque la filiation, la famille, l’immigration mais également des faits dramatiques liés à la dictature de Franco.

N’avez-vous jamais eu envie de vous faire justice vous-même?

Après Lîle des âmes, Piergiorgio Pulixi dépeint dans L’illusion du mal, une Italie très noire où justice, médias et pouvoir semblent très liés.
Entre Sardaigne et Milan, nous y retrouvons avec plaisir le duo de choc formé par les enquêtrices Mara et Eva aidées par un criminologue.

Au centre de l’enquête, il y a un serial killer, surnommé par les médias Le Dentiste ou Le Justicier, qui choisit des cibles représentant les défaillances du système judiciaire (pédophile bénéficiant d’un non-lieu suite à prescription, magistrat corrompu acquitté, …). Par le biais des réseaux sociaux, le Dentiste s’adresse directement au public et le fait voter en lui demandant si le criminel que la justice n’a pas condamné doit, ou non, être puni. Selon la réponse obtenue, la victime aura la vie sauve…ou pas.

«La loi c’est toi» inonde médias et réseaux sociaux, chacun pouvant délivrer la justice en un clic et la course contre la montre commence pour nos enquêteurs. C’est doublement terrifiant : non seulement le Dentiste veut punir la «victime» et le mal se trouve banalisé par tout un chacun, mais aussi faire monter la violence virtuelle et l’utiliser pour renverser le pouvoir judiciaire.

Manière singulière d’amener une réflexion tout à fait actuelle sur l’influence des médias avec «les procès/shows qui se tiennent dans un studio TV» ou sur les travers des réseaux sociaux et la frontière entre réel et virtuel…

La construction est très accrochante et très visuelle, l’univers est glauque mais, heureusement, on sourit en peaufinant notre panoplie de jurons en sarde et on se lèche les babines à l’évocation de plats locaux…entre deux rages de dents…!

Un roman social maori percutant.

Becky Manawatu
nous embarque dans les pas d’une lignée familiale fracassée par la vie et dresse un portrait âpre des Maoris de Nouvelle-Zélande.
Bones Bay, une histoire de fratrie, de famille, d’abandons, d’amour et de violence qui vous hante longtemps après avoir refermé le livre.

En Nouvelle-Zélande, deux frères doivent brutalement faire face à la mort de leurs parents. Ari, huit ans, est confié à la garde de sa tante et de son oncle dans un foyer où les coups assombrissent le quotidien.
Tauk, son grand frère, à l’aube de l’âge adulte, se sent coupable du drame qui a touché leurs parents et choisit de fuir, abandonnant son frère qui vit très mal ce départ. Ari trouve du réconfort auprès de sa jeune voisine, Beth, au caractère bien trempé, qui habite seule avec son père et, pour pallier ses angoisses, l’enfant se colle des pansements sur tout le corps.

Au fil des chapitres, l’autrice tisse habilement le fil de l’histoire dramatique de cette famille néo-zélandaise à travers les yeux des deux frères. En parallèle, nous remontons le temps et la lumière se fait sur le passé des parents des deux garçons. Un douloureux passé qui va venir les rattraper.

Déjà primé dans son pays, ce superbe roman nous arrive en France dans une traduction de qualité et par le biais d’une maison d’édition que je suis ravie de découvrir avec ce titre.

Un livre qui nous emmène à la rencontre de la communauté des Maoris, de leurs traditions et de leur culture. Une population gangrenée par la drogue et la violence liées aux gangs, principalement envers les femmes.

Une lecture poignante, cruelle mais dans laquelle toute once d’espoir n’a pas disparu. Les personnages sont attachants, notamment le jeune Ari, dont la voix est particulièrement réaliste.

En dépit de toute cette violence, de l’histoire terrible de cette famille déchirée, l’amour et la tendresse demeurent au travers d’une plume envoûtante et poétique.

Un récit coup de poing.

La rencontre improbable de deux femmes meurtries sur les sentiers de Compostelle.

Pour son second roman, Les narcisses blancs, Sylvie Wojcik a choisi les chemins de Saint-Jacques pour retracer la rencontre entre Gaëlle, une jeune fille qui a décidé de prendre la route , et Jeanne, une vieille dame sur la fin de sa vie. Une lecture simple qui ne vous laissera pas insensible.

Gaëlle, une rebelle contre tout et tous, quitte son compagnon et part sur le sentier de Compostelle vers un ailleurs qu'elle espère meilleur. Dans un refuge, elle rencontre Jeanne, une femme mûre, fragile, douce et avenante et d’une grande volonté. Elles poursuivent leur chemin ensemble sur les hauts plateaux de l’Aubrac et font connaissance. Tout les sépare, l'âge, l'éducation ou le milieu social. Mais elles deviennent de plus en plus proches au milieu de cette nature propice au calme, à la sérénité, au partage, à la compréhension. Beaucoup de sensibilité et d’attention réciproques entre elles.

C’est un tout petit roman à la plume poétique empreint de tendresse, de générosité, de bienveillance et sans aucune sensiblerie. Tout est décrit avec finesse, sobriété et pudeur avec en toile de fond, une nature magnifique qui pousse à l'intériorité. . Et tout est tellement authentique.

Envoûtant portrait d’un monde sublimé par le regard de l’enfance.

Encore un excellent choix de ré-édition de Monsieur Toussaint Louverture : Zéphyr, Alabama de Robert McCammon. Paru en 1993 sous le titre Le Mystère du lac chez Albin Michel, ce roman est le portrait d’une petite ville et de l’Amérique des années 60 à travers les yeux d’un enfant.

Ce magnifique pavé nous transporte en Alabama où l’on va suivre le quotidien de Cory, un enfant de onze ans, durant une année complète dans la ville de Zéphyr où tout le monde se connaît.

 Oscillant entre fantastique et réalité grâce à l’imagination fertile de ce jeune héros attachant, cette histoire aborde aussi des sujets plus sérieux tels que le racisme, la perte de l’innocence ou encore les conséquences de l’arrivée des supermarchés et nous offre un remarquable tableau de l’Amérique des années 1960. Une pépite.